jeudi 14 décembre 2017


André Ravéreau est mort

Vive André Ravéreau !


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Centre de santé de Mopti, Mali
prix Aga-Khan d'architecture 1980
en collaboration avec Philippe Lawers
1970-1974


" Les initiateurs du projet de maternité à Mopti m'avaient désigné à la suite de la publication du projet de la poste de Ghardaïa, car je savais bien " faire de l'intégration". En effet, quelques précautions étaient à prendre, car le terrain était situé devant la grande mosquée de Mopti.

J'avais alors en tête de perpétuer la cohérence de la construction en terre dans les conditions qui lui conviennent. Son isothermie, sa qualité de matériau naturel et local, pouvaient être exploités dans la continuité de la tradition, sans ré-éducation nécessaire de la main d'oeuvre. Les murs ont été réalisés à partir de la construction traditionnelle en banco, technique usant d'argile grise locale. Les toitures sont constituées d'une dalle de béton avec une protection thermique en terre. Cette terre confère aux bâtiments une couleur ocre en harmonie avec celle des constructions environnantes.
Le programme comprend une maternité d'une capacité de 70 lits avec un bloc opératoire, et deux dispensaires -"Education infantile" et "Maladies endémiques"-, un service social, deux logements ainsi qu'in bloc de maintenance. Les dispensaires sont tournés vers la rue, en face de la mosquée, et la maternité de l'autre côté, sur les rives du Niger. Ses chambres sont protégées du soleil et des pluies, et sont distribuées par une galerie.

Du fait du climat marqué par de fortes chaleurs et une grande luminosité, des espaces de ventilation près du sol sont aménagés dans les chambres. Les menuiseries des baies étant en lames métalliques (pratique courante dans le milieu africain), les fenêtres sont munies d'une profonde embrasure, afin d'éviter la surchauffe des menuiseries par le rayonnement solaire. Soit une tablette en intérieur, soit une casquette en extérieur (légèrement séparée du mur pour laisser remonter l'air échauffé) dans l'épaisseur de l'embrasure, protège de ce rayonnement."




















Crédits:

www.aladar-assoc.fr

André Ravéreau / ADAGP

photo: Manuelle Roche / ADAGP


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Revue de presse:
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http://www.lecourierdelarchitecte.com/article_7864



Portrait | André Ravéreau par le détail


La disparition d'André Ravéreau le 12 octobre dernier ne signifie pas pour autant la dissolution de son enseignement. L'hommage invite aujourd'hui à la relecture immédiate de son œuvre ; l'exercice pertinent plonge tout un chacun dans des paroles sensibles, toujours d'actualité. D'aucuns découvrent alors un homme libre. Une leçon contre la réinvention permanente.

André Ravéreau s'est éteint. Il était l'élève d'Auguste Perret. Certes, jeune étudiant, il admirait Le Corbusier dont il possédait les livres. Il fallait cependant avoir les moyens de travailler dans le célèbre atelier de la rue de Sèvres puisqu'aucune rémunération n'y était promise.
Pis aller, l'atelier d'Auguste Perret n'en fut pas moins instructif. Le jeune André Ravéreau dont les études ont été bousculées par la Seconde guerre mondiale, a fait la part belle à l'intuition. «Je commençais à dessiner par détails, c'était pour moi une évidence intuitive, je dessinais par morceaux. Au moment où Perret venait me corriger, je lui montrais les morceaux, et puis je lui expliquais qu'après il y aurait ça et ça… il mettait son lorgnon et me disait : 'je vous fais confiance'. Il m'aimait bien, parce qu'au fond, cette manière d'aborder les choses lui plaisait. Il y avait de la connivence entre nous. Il m'a dirigé vers ce qui me motive aujourd'hui, partir du détail construit, du matériau, des éléments...des ingrédients qui feront un tout harmonieux», écrivait-il dans son livre intitulé Du local à l'universel*.
Si André Ravéreau devinait en lui quelques aptitudes, l'enseignement qu'il a suivi n'en a pas moins été insuffisant. «C'est en Céphalonie que j'ai compris comment devrait s'effectuer la formation d'un architecte. Comme la plupart de mes camarades, durant mes études, j'avais travaillé chez des patrons qui nous faisaient faire des avants-projets, des projets mais ne nous envoyaient jamais sur un chantier. Mon premier chantier a été le mien, ce qui est absurde», racontait-il. 
Le temps de la construction restait à ses yeux celui de la pédagogie. «A chaque fois sur le chantier, que rencontre-t-il [l'architecte] ? Des détails. Avant de dessiner, il aura la compréhension du construit, des problèmes que pose l'acte de construire», notait-il.

Grouillot ou gratte-papier, ses passages en agence, chez Roux-Dorlut & Badani ou encore chez Lods n'ont pas été des plus convaincants. «On faisait le 'nègre' chez un architecte, en réalité on faisait le projet, parce que l'architecte lui, était occupé à faire des affaires. Même chez Lods cela pouvait se passer ainsi. Un jour, Lods m'a confié un programme d'hôtel en Afrique – au Cameroun je crois – où je n'étais jamais allé, et il m'a laissé travailler tout seul, avec un paquet de revues L'architecture d'aujourd'huipour prendre des idées. Alors, je lui ai fait une architecture bâtarde, moderne, probablement de forme carrée ; je ne sais plus ce que c'était, mais c'était certainement très mauvais ou, au mieux, inconsistant», reconnaissait-il.
Le jugement était somme toute sévère. André Ravéreau regrettait que ces architectures n'étaient «conçues par personne» : «cela me pesait», disait-il.
Si l'île de Céphalonie, en Grèce, avait offert une prise de conscience, l'Algérie fut, plus encore, une révélation. Le nom d'André Ravéreau restera intimement lié dans l'imaginaire collectif à celui du M'Zab, cette région aux portes du désert qu'il étudia dès 1949 pendant plus de vingt ans.
Ainsi, plus que les 'architectures conçues par personne', André Ravéreau admirait les «architectures sans architecte», ces architectures «nécessaires» et «suffisantes». Tant et si bien que ses travaux s'en sont ouvertement inspirés.
«Passéiste !», lui rétorquaient volontiers ses pairs modernes. A Michel Ragon même d'évoquer l'art d'André Ravéreau sous les traits d'un «indigénisme» toutefois «allié à la modernité». Le mépris à l'égard du «savoir populaire» ne manquait pas d'étonner vertement André Ravéreau qui y voyait, quant à lui, les préceptes d'une «architecture savante». «Le vernaculaire c’est la culture !», lançait-il.
Pour autant, il n'était pas dogmatique. Sa fille, Maya Ravéreau, qui aujourd'hui anime l'association Aladar** qu'elle espère voire survivre encore quelque temps à son père, évoque une figure «qui a toujours refusé de s'enfermer dans une quelconque doctrine». Il apparaissait communiste pour les communistes, chrétien pour les chrétiens ou musulman pour les musulmans. Il faisait usage de la terre crue autant que du parpaing.

L'important était d'appliquer les principes d'une architecture située. «Ne véhiculez pas le Havre à Marseille, alors que c'est ce que l'on a fait depuis des siècles, bien avant l'industrialisation, notamment avec l'architecture de prestige, qui peu à peu a pesé sur le populaire en milieu urbain», disait-il.
Le «prestige», du reste, résidait selon lui ailleurs. «Une architecture bonne c’est-à-dire répondant au mieux aux besoins du milieu physique - même construite avec les plus extrêmes simplicité et économie - peut être belle. Et si elle est belle, elle peut également être prestigieuse, sans intention de l’être», affirmait-il.
L'observation, la préservation et la transmission n'était toutefois pas sans remise en cause. L'exercice lui paraissait même fondamental tant il était «la condition de ce siècle», le XXe.
«Quand tu fais un projet après un autre, tu te remets en question car tout change très vite : les conditions sociales, les performances et les possibilités de mise en œuvre des matériaux. Ce n'était pas vrai pour les millénaires qui nous précèdent, personne ne se remettait en question aussi rapidement que nous sommes contraints de le faire. C'était relativement statique. On présente la modernité comme étant la qualité de distinguer chaque chose. Comme le dit justement Niemeyer, je fais différent, je fais autre chose. Mais chez lui, ce n'est pas une remise en cause, c'est simplement qu'il ne veut pas refaire à l'identique. Dans l'absolu, il a raison, nous sommes 'obligés' d'être différents. S'il y a remise en cause, le résultat est cohérent. Mais si je le fais juste pour être différent, alors là ça ne marche pas. La variabilité de ses conditions d'exercice mène l'architecte à une ambiguïté. La majorité des architectes arrive à la situation où ils se sentent acculés. Ils se disent 'je dois briller. Il faut que je jongle, et que je tienne mon rôle, si je fais toujours la même chose, je ne serai plus crédible'», regrettait-il.
Plus crédible qu'André Ravéreau, difficile ! Son œuvre et son parcours demeurent une puissante démonstration contre les prestidigitateurs qui ne cessent de «jongler». Cette triste disparition n'affectera heureusement pas un enseignement qui s'avère, aujourd'hui, plus que jamais nécessaire.
Jean-Philippe Hugron
*André Ravéreau, Du local à l'universel, Editions du Linteau, 2007
 http://www.editions-linteau.com/livres/du-local-a-universel/ 


André Ravéreau en quelques dates :
Né en 1919.
Entre 1946 et 1950 - élève d’Auguste Perret.
1965-1973 - architecte en chef des monuments historiques en Algérie.
1973 - crée l’atelier E.R.S.A.U.R.E.1 dans la vallée du M’Zab, au sud de l’Algérie, où il propose un enseignement basé sur l’apprentissage d’une culture constructive par la pratique, par le chantier.
1975 - installation en Ardèche.
1980 - prix d’architecture Aga Khan pour le centre de santé de Mopti au Mali.
1983 - médaille d’argent de l’urbanisme décernée par l’académie d’architecture.
De 1985 à 1993 - architecte conseil au C.A.U.E. de Lozère où il rédige ses premières fiches techniques adaptées à l’architecture de pierre.
2012 - médaille du mérite de l’Algérie pour sa contribution à la valorisation du patrimoine de ce pays.
2014 - le centre Pompidou acquiert un certain nombre de ses dessins.
2012-2016 - donne diverses formations et conférences via l’association Aladar, poursuit ses activités de recherche en vue de les diffuser (publications, vidéos).

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http://www.lemonde.fr/architecture/article/2017/10/18/l-architecte-andre-ravereau-est-mort_5202505_1809550.html

L'architecte André Ravéreau est mort

Le spécialiste de l'architecture traditionelle algérienne s'est éteint le 12 octobre à l'âge de 98 ans.

LE MONDE - 18.10.2017 à 10h19 - mis à jour le 20.10.2017 à 14h34

Par Frédéric Edelmann


André Ravéreau, qui est mort le 12 octobre à Aubenas (Ardèche), à l'âge de 98 ans, était l'un des architectes français les plus importants de la deuxième moitié du XXe siècle, et l'un des premiers annonciateurs des désordres à venir de la terre et des villes. La dernière fois que nous l'avions rencontré, c'était en 2013, à l'occasion d'une nouvelle présentation, sous le titre "modernités plurielles", des collections du Centre Pompidou. A le voir, on se doutait bien qu'il arrivait de son Ardèche d'adoption et de son fief, la ferme Raphanael, à Lentillères: tignasse et barbe blanches, visage fripé comme pomme bio, regard vif et interrogateur souligné par des proches sous les yeux, surchargés d'humanité.

Avant même son diplôme en Algérie, il part en Algérie découvrir Ghardaïa et la vallée du M'Zab.

Ravéreau était né le 27 juillet 1919, à Limoges. Entré après la guerre aux Beaux-Arts à Paris, dans l'atelier de Perret, un "poète, qui parle et pense en construction", il part avant même son diplôme en Algérie découvrir Ghardaïa et la vallée du M'Zab, qui lui dévoilent la cohérence d'une architecture adaptée aux contraintes d'un milieu. Ce premier voyage est aussi pour lui une véritable initiation: "Comme tout le monde, j'ai reçu la séduction de Ghardaïa avant d'en faire l'analyse. On a l'intuition que les choses possèdent un équilibre que l'on appelle esthétique, et cela avat de savoir comment c'est, un équilibre."

Le M'Zab est un territoire plutôt modeste, vingt-cinq kilomètres zigzaguant dans un chapelet d'oasis. Ghardaïa est la plus grande de cinq  villes collectivement affublées du nom de Pentapole, fondées comme refuges fortifiés par les Ibadites, une minorité persécutée de l'Islam entre 1012 et 1350. La vallée est devenue l'un des sites fétiches des architectes, notamment ceux du mouvement moderne qui, à des degrés divers, vont s'y arrimer comme Le Corbusier ou en chanter les vertus (Bernard Rudofsky, auteur d'Architecture sans architectes, 1964), s'en inspirer (Rolad Simounet), ou bien s'en éloigner (Fernand Pouillon). Le terme écologie n'est pas encore en usage, ni celui d'ensemble urbain, ni l'usage de l'architecture de terre...Ravéreau rassemble intuitivement ces notions et ces techniques. Lorsqu'il revient au M'Zab en 1959, pendant la guerre d'Algérie, ce sera pour s'y fixer durablement et créer à Gardaïa ce qu'on appellera l'Atelier du désert. Cela n'effraie pas les élèves et architectes, qui se joignent à lui et contribueront à la fondation de l'association Cra-terre à Grenoble.

Une pensée généreuse
En 1965, Ravéreau est nommé architecte en chef des monuments historiques en Algérie. Il obtient le classement de la vallée du M'Zab en 1970, conséquence - logique? paradoxale? - d'un projet d'hôtel de Fernand Pouillon sur les hauteurs de Gardaïa, rappelle l'historien Antoine  Picon. Il explique alors aux autorités: "Il est impesable que des touristes puissent avoir une vue directe sur les terrasses des habitations où l'usage veut que se retrouvent les femmes". "Ravéreau, dit l'historien Antoine Picon, n'aimait pas Pouillon, Pouillon ignora Ravéreau."

Sa pensée est généreuse à Ghardaïa, elle ne s'y limite pas, qu'il restaure, construise, analyse ou dessine. En 1981, il publie ainsi un ouvrage qui rassemble un ensemble de textes majeurs pour les architectes des générations suivantes, avec des photographies de sa compagne Manuelle Roche: Le M'Zab, une leçon d'architecture. Il est préfacé par Hassan Fathy, son alter ego égyptien (1900-1989). Les deux hommes seront d'ailleurs récompensés la même année, en 1980, par le prestigieux prix de l'Aga Khan.

En 1982, la vallée du M'Zab est inscrite, largement grâce à Ravéreau et ses proches, sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Globalement oublié par la France, qui ne comprend pas la force pionnière de sa pensée, il revient en 2006, à 86 ans, sur les lieux qui ont enflammé sa pensée. Mais l'environnement s'est à ce point dégradé qu'il devient difficile de bâtir encore à partir des solutions locales et séculaires. "Si j'ai un conseil à donner aux jeunes architectes, c'est de s'attaquer à la pollution et à tout ce qui détruit notre mode de vie. J'ai cru satisfaire un milieu physique par mon architecture mais ce dernier disparaît. Cette nature à qui j'ai tout dédié, il faudra la préserver, c'est la leçon de ma vie."

André Ravéreau en quelques dates

27 juillet 1919: naissance à Limoges
1959: Crée à Gardhaïa l'Atelier du désert
1965: Nommé architecte en chef des monuments historiques en Algérie
1981: Publie "Le M'Zab, une leçon d'architecture"
12 octobre 2017: Mort à Aubenas (Ardèche)

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http://www.elwatan.com/hebdo/arts-et-lettres/reverence-a-ravereau-14-10-2017-354622_159.php

Révérence à Ravéreau

le 14.10.2017 - 12h00

Jeudi soir, en Ardèche, région de France à la nature expressive, un monument d'Algérie
s'en est allé. A 19h30, à l'âge vénérable de 98 ans, l'architecte André Ravéreau s'est éteint dans les bras de sa fille, Maya. Comme nous le signalions dans notre dernière édition, elle se trouvait auparavant à Alger pour le tournage du film consacré à son père. Elle le devait
en fait, car le personnage principal s'était vu interdire de voyager suite à une chute assortie de la fracture de trois côtes. Sans cette injonction médicale, Ravéreau aurait peut-être encore rendu visite à ce pays où il a vécu tant d'années dans un continuum de passion, de curiosité et de travail. L'Algérie l'habitait pleinement et, après d'éminentes contributions à la découverte mais surtout la compréhension de son patrimoine architectural, il poursuivait inlassablement ses recherches dans son coin de campagne, l'esprit toujours alerte et l'enthousiasme intact.

Quasiment au même moment, deux messages nous ont annoncé la triste nouvelle: celui du réalisateur Jean Asselmeyer, en charge du film, et celui du plasticien Rachid Koraïchi (par ailleurs président d'honneur de l'association de Amis d'André Ravéreau) qui nous confiait la perte d'un "ami de vie et de cœur". Au-delà de l'émotion, il reste l'héritage fabuleux d'un homme qui a apporté une véritable valeur ajoutée aux merveilles de l(architecture traditionnelle algérienne et, notamment, celles du M'Zab et de la Casbah d'Alger dont il avait saisi sans doute mieux que quiconque - y compris Le Cobusier, pourtant éloquent sur le sujet - l'extraordinaire inventivité et modernité. Le si discret Mohamed Saïdi, fin lettré et excellent traducteur, diplômé d'architecture (discipline qu'il n'a jamais voulu pratiquer dans des conditions actuelles), se souvient des conférences de Ravéreau à Alger: "C'était d'une grande richesse. Nous devrions nous inspirer de son enseignement et de son regard précieux. Il nous a révélé certains de nos propres trésors. Mais saurons-nous les fructifier?". Un proverbe algérien affirme que "le pain brioché de la maison est mangé par l'étranger".

André Ravéreau n'a pas mangé le nôtre. Il nous en a fait découvrir toute la saveur. Mais au regard des tristes pratiques architecturales actuelles, nous devons effectivement nous avouer que cette saveur, n'avons pas encore su l'apprécier du fait de choix malencontreux et irrationnels. Finalement, sa leçon dépasse l'architecture et nous dit qu'il existe dans notre passé tant d'éléments en mesure de servir notre présent et notre futur.

Lauréat du Prix Agha Khan en 1980, André Ravéreau a reçu en 2012 une des plus hautes distinctions algériennes à l'Ordre du mérite national. La moindre des choses serait qu'une minute de silence à sa mémoire soit observée à l'EPAU et dans tous les instituts d'architecture du pays. La meilleure serait qu'il soit vraiment enseigné et que l'Algérie profite de lui. Comme il en a toujours rêvé.

Ameziane Ferhani

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http://www.algeriades.com/andre-ravereau-%D8%A3%D9%86%D8%AF%D8%B1%D9%8A/article/deces-de-l-architecte-andre

Décès de l'architecte André Ravéreau

L'architecte André Ravéreau est décédé ce 12 octobre à Aubenas, dans le sud-est de la France. Il était âgé de 98 ans. Une chute l'a empêché de retourner en Algérie, pour les besoins d'un film qui lui est consacré par Jean Asselmeyer et dont le tournage a pris fin début octobre.
A tous ceux et celles qui souhaitent lui rendre hommage, une cérémonie a eu lieu, le 16 octobre, au crématorium de Bourg-Saint-Andéol (07700).

Né en 1919 à Limoges, l'ancien élève d'Auguste Perret à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris fut architecte en chef des Monuments historiques en Algérie, de 1965 à 1971. Dans le pays, André Ravéreau s'éprend en particulier des constructions en terre de Ghardaïa, la capitale du M'Zab au nord du Sahara. Ce coup de cœur pour une "leçon d'architecture", il le rapporte par le menu dans un livre préfacé par l'Egyptien Hassan Fathy avec des photographies de Manuelle Roche, sa compagne dans la vie, disparue le 23 avril 2010.
"Ce qui frappe l'observateur, ici, note André Ravéreau, c'est l'unité générale de caractère. Il n'y a pas deux gestes, que l'on construise le barrage, la mosquée, la maison...Les bâtisseurs ont réduit et épuré toutes les raisons d'influences ou de prestige et choisi des solutions égalitaires - pas de palais au M'Zab -, ils se sont trouvés confrontés aux seuls problèmes de défense et d'environnement"

Lauréat , pour le centre médico-social de Mopti au Mali, du prix d'Architecture de l'Agha Khan "destiné à encourager la renaissance de l'architecture en pays d'islam", il a également été chargé de mission par l'UNESCO pour la Citadelle de la Casbah d'Alger.

Jusqu'au 26 janvier 2015, des dessins, dont André Ravéreau a fait don au Centre Pompidou à Paris, étaient exposés dans l'accrochage "Méditerranée: architectures et colonies", aux côtés de ceux de Hassan Fathy. Son livre Le M'Zab, une leçon d'architecture y était également visible en compagnie de photographies de Manuelle Roche.

Invité à Alger en novembre 2012, à l'occasion de 1er Festival international de promotion des architectures de terre "Archi'terre", André Ravéreau est revenu sur deux programmes réalisés en terre par l'architecte: une maternité à Mopti au Mali (prix Agha Khan 1981) et des habitations en terre à l'isle d'Abeau en France. André Ravéreau a reçu à cette occasion, la médaille Achir du mérite national, "pour sa contribution à la valorisation du patrimoine culturel algérien"  et notamment la vallée du M'Zab (Ghardaïa) inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1982.

Intitulée "l'oeuvre dessinée d'André Ravéreau", l'exposition visible au printemps 2006 à Toulouse présentait un ensemble de dessins réalisés en Algérie et ailleurs, dont les "études de l'habitat vernaculaire, croquis des scènes de la vie quotidienne, relevés, études et plans pour des projets de maisons et de bâtiments publics". On pouvait également y découvrir les
principaux bâtiments réalisés par André Ravéreau, dont le Centre de santé de Mopti au Mali pour lequel l'architecte reçut le prix Agha Khan en 1980.

En mars 2004, André Ravéreau était l'invité de France-Culture pour parler de ses travaux algériens en présence de la photographe et romancière Manuelle Roche, ainsi que l'architecte belge Philippe Lauwers qui fut son collaborateur à l'atelier du M'Zab.

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Bibliographie:

- Du local à l'universel
Avant-propos de Vincent Bertaud de Chazaud
Postface de Maya Ravéreau
(Paris, Ediotions du Linteau, 2007)

- Le Sens de l'équilibre, chapiteaux eu monde méditerranéen
d'André Ravéreau
Photographies d' Manuelle Roche
(Paris, Editions Etudes et Communication, 2003)

- Le Caire, esthétique et tradition
d'André Ravéreau et Manuelle Roche
Photographies de Manuelle Roche
(Arles, Actes Sud, 1997)

- La Casbah d'Alger: et le site site créa la ville
d'André Ravéreau
Photographies de Manuelle Roche
Préface de Mostefa Lacheraf
(Sindbad, 1989)
(Nouvelle édition , Actes Sud-Sindbad, 2007)

- Le M'Zab, une leçon d'architecture
d'André Ravéreau
Préface de Hassan Fathy
Photographies de Manuelle Roche
(Paris, Sindbad, 1981)
(Nouvelle édition, Actes Sud-Sindbad, 2003)
Illustrée par Manuelle Roche

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Sur André Ravéreau:

André Ravéreau. L'Atelier du désert
sous la direction de Rémi Baudouï et Philippe Potié
(Paris, Parenthèses, 2003)

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Membres